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VOLTAIRE PHILOSOPHE

rappelle d’autre part que Paris tout entier applaudit à la défaite de Rosbach comme à un triomphe de l’esprit nouveau sur les traditions surannées du gouvernement de Louis XV[1].

On peut relever encore les nombreux passages de sa correspondance où Voltaire exprime le souhait que le jeune d’Etallonde de Morival, compromis dans l’affaire La Barre, et devenu officier de Frédéric, envahisse la France avec les troupes de ce prince. « Je voudrais, lui écrit-il, que vous commandassiez un jour ses armées et que vous vinssiez assiéger Abbeville » (26 mai 1767). Et il écrit à Frédéric : « J’ose dire… que je crois Morival digne d’être employé dans vos armées… Je voudrais le voir à la tête d’une compagnie de grenadiers dans les rues d’Abbeville, faisant trembler ses juges et leur pardonnant » (8 déc. 1772)[2]. Certes, nous ne justifierons pas Voltaire de ces boutades ; mais nous les excuserons du moins par l’indignation et l’horreur que lui avait causées le supplice de La Barre. « J’ai toujours, dit-il dans la même lettre, cette abomination sur le cœur. »

En réalité Voltaire consacra toute sa vie à la gloire de la France. Un des principaux motifs qui l’enga-

    vous vanter les exploits de ma patrie. Nous avons depuis quelque temps une danseuse excellente à l’Opéra de Paris. On dit qu’elle a de très beaux bras… Notre flotte se prépare à voguer de Paris à Saint-Cloud… On prétend qu’on a vu un détachement de jésuites vers Avignon, mais qu’il a été dissipé par un corps de jansénistes qui était fort supérieur », etc. (7 août 1771). — Si la lettre de Rosbach trouve grâce devant M. Faguet à titre de badinage, il y a vraiment lieu de s’étonner qu’il prenne celle-ci au sérieux.

  1. Études critiques, I, 217.
  2. Cf. encore Lettres à Frédéric du 22 avril et du 4 septembre 1773.