une telle accusation ? Il répondait que la philosophie n’est ni française, ni anglaise, mais humaine : et il a mérité la reconnaissance de toutes les nations en contribuant plus qu’aucun philosophe à former dans le monde « une république immense d’esprits cultivés » (Lettre au prince Gallitzin, 14 août 1767)[1].
On allègue aussi le mal qu’il se plaît à dire des « Welches ». Mais ce grief en vérité n’est guère plus sérieux que le précédent. Damilaville l’ayant repris là-dessus : « Je me souviens, lui écrit-il, que Catherine Vadé pensait comme vous et disait à Antoine Vadé… : Mon cousin, pourquoi faites-vous tant de reproches à ces pauvres Welches ? — Eh ! ne voyez-vous pas, ma cousine, répondit-il, que ces reproches
- ↑ Cf. Dict. phil., Cartésianisme : « L’ignorance préconise encore quelquefois Descartes, et même cette espèce d’amour-propre qu’on appelle national s’est efforcé de soutenir sa philosophie. Des gens qui n’avaient jamais lu ni Descartes ni Newton ont prétendu que Newton lui avait l’obligation de toutes ses découvertes… Il faut être vrai, il faut être juste ; le philosophe n’est ni Français, ni Anglais, ni Florentin, il est de tout pays. » (XXVII, 462.) — Élém. de la Philosophie de Newton : « Est-ce parce qu’on est né en France qu’on rougit de recevoir la vérité des mains d’un Anglais ? Ce sentiment serait bien indigne d’un philosophe. Il n’y a, pour quiconque pense, ni Français ni Anglais ; celui qui nous instruit est notre compatriote. » (XXXVIII, 147.) — Cf. encore Lettre à Tronchin, 18 avr. 1756 :
Comment recevoir, disait-on,
Peut-il se trouver rien de bon
Des vérités de l’Angleterre !
Chez des gens qui nous font la guerre ?
Le dieu du jour doit sa carrière ;
La vérité doit sa lumière
À tous les temps, à tous les lieux.
Recevons sa clarté chérie,
Et, sans songer quelle est la main
Qui la présente au genre humain,
Que l’univers soit sa patrie.