vième et la treizième : l’une se termine par un éloge de Louis XIV, non point « conquérant », mais « sage » ; l’autre félicite Louis XV de tenir encore l’olive dans ses mains sous les lauriers dont le couronne Fontenoy.
À Frédéric lui-même Voltaire a toujours conseillé une politique pacificatrice. Lisons sa correspondance avec ce prince, en pleine guerre, pendant l’année 1747. Il lui écrit au mois d’avril : « Ne cesserez-vous point, vous et les rois vos confrères, de ravager cette terre, que vous avez, dites-vous, tant d’envie de rendre heureuse ? » (LIV, 430). Puis, le 15 mai : « Je conçois quelque espérance que Votre Majesté raffermira l’Europe comme elle l’a ébranlée et que mes confrères les humains vous béniront après vous avoir admiré. » Le 26 : « Vous voilà le héros de l’Allemagne et l’arbitre de l’Europe ; vous en serez le pacificateur. » En juillet : Votre Majesté a glissé dans sa lettre l’agréable mot de paix, ce mot qui est si harmonieux à mon oreille. Je crois que vous forcerez toutes les puissances à faire la paix, et que le héros du siècle sera le pacificateur de l’Allemagne et de l’Europe » (LIV, 449). Et peu après, le même mois :
Vous dont le bras terrible a fait trembler la terre,
Rassurez-la par vos bienfaits,
Et faites retentir les accents de la paix
Après les éclats du tonnerre[1].
Il y aurait eu quelque naïveté à croire que le roi de Prusse mît bas les armes avant d’avoir réalisé ses
- ↑ Pendant l’année 1760, il plaide la même cause au risque d’importuner Frédéric, qui laisse voir en effet quelque impatience. Cf. Lettre de Frédéric à Voltaire, 3 avr. 1760 : « Vous en revenez encore à la paix », etc.