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VOLTAIRE PHILOSOPHE

auxquels on demande en quoi elle consiste, répondent qu’ils ne le savent point. Telle fut en tout temps la réponse de Voltaire. « Nous avons beaucoup parlé d’âme, dit-il dans l’article Occultes du Dictionnaire philosophique, et nous avons toujours confessé notre ignorance. Je ratifie aujourd’hui cette confession avec d’autant plus d’empressement, qu’ayant depuis ce temps beaucoup plus lu, plus médité, et étant plus instruit, je suis plus en état d’affirmer que je ne sais rien » (XXXI, 293). Ce que nous appelons âme, est-ce quelque chose de spirituel, quelque chose d’immortel ? Il y a des philosophes qui l’affirment, il y en a d’autres qui le nient. En réalité, personne ne peut le savoir. Nous avons reçu de Dieu l’entendement pour nous bien conduire et non pour pénétrer l’essence des choses[1].

Tout ce qui existe en nous ou hors de nous « est une énigme dont il n’est pas donné à l’homme de deviner le mot » (Dict.  phil., Occultes, XXXI, 293). L’homme exerce les puissances du corps et de l’entendement sans les connaître. Lisons ce que nous dit, à l’article Faculté, le grand Dictionnaire encyclopédique : « La faculté vitale une fois établie dans le principe intelligent qui nous anime, on conçoit aisément que cette faculté, excitée par les impressions que le sensorium vital transmet à la partie du sensorium commun, détermine l’influx alternatif du suc nerveux dans les fibres motrices des organes vitaux, pour faire contracter alternativement ces organes. » Fort bien. De même, à la question : Pourquoi l’opium fait-il dormir ? le bachelerius du Malade imaginaire

  1. Dict, phil., Âme, XXVI, 259.