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VOLTAIRE PHILOSOPHE

Aussi bien passons en revue les législateurs des divers peuples depuis l’antiquité la plus reculée.

Zaleucus, qui fut le premier magistrat des Locriens, vivait avant Pythagore. Voici l’exorde de ses lois. « On doit maitriser son âme, la purifier, en écarter tout mal, persuadé que Dieu ne peut être bien servi par les pervers et qu’il ne ressemble point aux misérables mortels qui se laissent toucher par de somptueuses offrandes. La vertu seule et la disposition constante à faire le bien peuvent lui plaire. Qu’on cherche donc à être juste dans ses principes et dans la pratique. Chacun doit craindre ce qui mène à l’ignominie plus que ce qui conduit à la pauvreté. Il faut regarder comme le meilleur citoyen celui qui abandonne la fortune pour la justice », etc. N’est-ce pas là, « le précis de toute morale et de toute religion ? » (Le Philosophe ignorant, XLII, 600)[1].

Quant à Confucius, sa doctrine se résume dans la règle suivante : « Vis comme en mourant tu voudrais avoir vécu ; traite ton prochain comme tu veux qu’il te traite. » Il recommande le souvenir des bienfaits, le pardon des injures ; il enseigne la tolérance, l’humilité, le renoncement. « J’ai lu ses livres avec attention, déclare Voltaire : je n’y ai trouvé que la morale la plus pure » (Dict. phil., Chine, XXVIII, 40)[2].

Et Zoroastre ? Contrairement à Confucius, il établit un culte ridicule ; mais sa morale vaut celle du philosophe chinois. Citerons-nous une de ses maximes ? « Quand vous êtes incertain, dit-il, si une action

    la Philos. de Newton ; XXXVIII, 40 sqq. ; le Philosophe ignorant, XLII, 583, 594 ; Lettre à Frédéric, oct. 1737 ; LII, 521, 522.

  1. Cf. Essai sur les Mœurs, XV, 121 sqq.
  2. Cf., Dict. phil., Catéchisme chinois, XXVII, 468.