l’intérêt du peuple, pour les princes et pour les grands[1].
Ainsi la croyance en Dieu, selon Voltaire, est utile au genre humain, et nul honnête homme ne doit l’ébranler. Voilà, quand il combat l’athéisme, son principal argument ; il fait surtout valoir des considérations relatives au bien de la société, il invoque l’Être suprême non plus comme organisateur de l’univers, mais comme sanction de la morale.
Si la crainte du Dieu vengeur est un frein capable d’empêcher bien des crimes, ce n’est pas à dire sans doute que les athées soient toujours méchants. « L’instinct de la vertu, qui consiste dans un tempérament doux et éloigné de toute violence, peut très bien subsister, déclare-t-il, avec une philosophie erronée » telle que l’athéisme ; et lui-même cite tout le premier des athées vertueux[2]. La plupart de ceux qui ne croient pas en Dieu sont tentés de s’abandonner à leurs passions ; mais les hommes d’élite peuvent faire le bien par amour du bien sans espérer aucune récompense.
D’autre part, ce n’est pas tout de croire à un Dieu : à quel Dieu croyons-nous ? Mieux vaut être athée que d’adorer une Divinité barbare et de lui sacrifier des victimes humaines ; athée, Moïse n’eût pas fait égorger vingt-trois mille Juifs qui s’étaient fabriqué un veau d’or, vingt-quatre mille qui avaient eu commerce avec les filles des idolâtres, douze mille