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RELIGION

Douteur et l’Adorateur, n’était probablement que celle d’un homme juste qui avait repris les vices des pharisiens et que les pharisiens firent mourir » (XLI, 404). Et, dans L’Homélie sur l’interprétation du Nouveau Testament : « Jésus était un homme de bien qui parlait aux pauvres contre la superstition des riches pharisiens et des prêtres insolents » (XLIII, 290). Il lui reconnaît le don de s’attacher des disciples ; il vante ses bonnes mœurs, son courage, sa charité. Dans un passage de Dieu et les Hommes, il semble le mettre au-dessous de Socrate, comme ayant eu peur de la mort. Mais, dans le Traité sur la Tolérance, il le lui préfère, comme ayant prévu et voulu son supplice ; si d’ailleurs Jésus, au moment de mourir, sua une sueur de sang, son âme, dit-il, resta inébranlable ; et la plus grande preuve de constance, n’est-ce pas de braver la mort en la redoutant[1] ? Enfin, dans la Profession de foi des Théistes, il l’appelle « un homme distingué entre les hommes par son zèle, par sa vertu, par son amour de l’égalité fraternelle » : Il plaint « ce réformateur peut être un peu inconsidéré, qui fut la victime des fanatiques persécuteurs »; et, oubliant de quelle façon lui-même le traita, il se défend d’en avoir jamais parlé avec mépris ou dérision[2].

Tout à l’heure il reprochait à Jésus quelques-unes de ses maximes et de ses paraboles. Il soutient maintenant qu’elles lui ont été faussement attribuées ; et, si elles sont authentiques, il proteste contre le sens qu’y donnent les sectaires. Ceux-ci en prennent texte pour justifier leur fanatisme. Mais ni la parabole

  1. XLI, 328.
  2. XLIV, 134.