Personnellement, Jésus était un homme de rien, vil et méprisable, dénué de talent, de science, d’adresse, qui, ayant voulu faire parler de lui, passa pour un extravagant et un imposteur aux yeux de ses contemporains. S’il fut moqué, fouetté, persécuté et finalement mis en croix, tel est le sort de tous ceux qui ont prétendu jouer le même rôle sans avoir plus d’habileté[1].
Au reste, ses paroles ne valaient pas mieux que ses actes. Il compare le royaume des cieux à un grain de moutarde, à un morceau de levain mêlé dans trois mesures de farine, à un filet avec lequel on pêche du bon et du mauvais poisson. Quelle grossièreté et quelle bassesse ! Parfois ses propos sont odieux : il se vante d’être venu apporter le glaive et non la paix, semer le désordre entre le fils et le père, entre la fille et la mère ; il recommande à notre imitation le maître qui jette en prison des serviteurs coupables de ne pas avoir fait valoir son argent à usure. Est-ce donc ainsi que parle un sage ou même un homme raisonnable[2] ?
Mais, si Voltaire dénigre souvent et vilipende Jésus-Christ, considéré comme responsable des crimes commis en son nom, il le loue au contraire quand il veut montrer que le catholicisme est une perversion du christianisme. Et ne nous étonnons pas s’il se contredit alors sur la plupart des points.
« L’histoire véritable de Jésus, écrit-il dans Le