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RELIGION

parler, sa religion est le judaïsme ; et, quant à la théologie catholique, aucun docteur ne serait assez habile pour la lui faire seulement comprendre.

Jésus ne révéla point le mystère de son incarnation et ne prétendit point être le fils d’une vierge ; il laissa aux cordeliers et aux jacobins le soin de décider si sa mère elle-même avait été conçue sans péché ; il ne déclara point que le mariage est le signe visible d’une chose invisible ; il ne parla point des sept sacrements, des sept vertus, des sept péchés capitaux, des sept douleurs, des sept béatitudes, des sept sortes de grâces qui répondent aux sept branches du chandelier. Il n’institua point la hiérarchie ecclésiastique. Il cacha à ses contemporains qu’il était le fils de Dieu éternellement engendré, consubstantiel à Dieu, et que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. Il ne dit point que, la première femme ayant été persuadée par un serpent de manger une pomme, toute la postérité de cette femme devait naître coupable des plus horribles crimes et vouée aux flammes éternelles. Il ne dit point qu’il était venu racheter les hommes et que cependant il rachèterait ceux-là seuls auxquels il aurait donné une grâce efficace, laquelle peut n’avoir aucune efficacité. Il n’ordonna point à ses disciples de mettre par des paroles son corps tout entier dans un petit morceau de pain, et son sang, à part, dans un gobelet de vin. Si Jésus avait voulu fonder une nouvelle religion, n’en aurait-il pas établi les lois, fixé les rites, organisé la hiérarchie ? Mais

    des laitues. Moi et mes amis, nous allions prier dans le temple ; mes amis même fréquentèrent ce temple après ma mort ; en un mot, j’accomplis toutes leurs lois sans en excepter une » (XXXII, 103).