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VOLTAIRE PHILOSOPHE

celles du christianisme et celles du catholicisme. La synaxe des premiers chrétiens n’était point une messe privée ; les images furent interdites pendant plus de deux cents ans, la confession auriculaire ne s’établit qu’au vie siècle, et, jusque vers le viie, les petits enfants reçurent l’eucharistie[1].

De même pour les dogmes. L’invocation publique des saints ? Il n’y en a pas trace avant l’an 375. La procession du Saint-Esprit ? Elle date du temps de Charlemagne. L’Immaculée conception ? Elle remonte au xiie siècle. Bien plus, les deux natures du Christ ne furent pleinement reconnues qu’en 451[2], et ses deux volontés qu’en 680[3]. C’est le premier concile de Nicée qui adopta la consubstantialité de Dieu et de son fils. Jusqu’à saint Augustin et saint Jérôme, aucun Père de l’Église n’avait enseigné le péché originel[4].

Né sous la loi mosaïque, Jésus-Christ fut circoncis selon cette loi, il en pratiqua les observances, en suivit les prescriptions, ne mangea ni la chair du porc, qui est un animal immonde, ni celle du lapin, qui rumine et n’a pas le pied fendu[5]. À proprement

  1. Lettre de Charles Gouju à ses frères, XL, 343.
  2. Au concile de Chalcédoine.
  3. Dans un concile tenu à Constantinople.
  4. Lettre de Charles Gouju à ses frères, XL, 343 sqq.; Éclaircissement historique, XLI, 59 ; Dict. phil., Péché originel, XXXI, 325 sqq.; le Pyrrhonisme de l’Histoire, XLIV, 385, 386.
  5. « Jugez, dit Jésus-Christ dans l’article Religion du Dictionnaire philosophique, si je leur apportais [aux Juifs] un culte nouveau. Je ne cessais de leur dire que j’étais venu non pour abolir la loi, mais pour l’accomplir ; j’avais observé tous leurs rites ; circoncis comme ils l’étaient tous, baptisé comme l’étaient les plus zélés d’entre eux, je payais comme eux le corban, je faisais comme eux la Pâque en mangeant debout un agneau cuit dans