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VOLTAIRE PHILOSOPHE

gnage d’un curé suffisait. On donnait ordre aux religionnaires d’observer dans le mariage les formules prescrites par les saints canons et par les ordonnances, de sorte que tout état civil leur était dénié. Cet édit fut exécuté à la lettre. L’application ne s’en relâcha que sous le cardinal Fleury. Peu après, à la suite du synode tenu secrètement, en 1744, dans le Bas-Languedoc, la persécution recommença. Deux ordonnances du mois de février 1745 prescrivirent la peine des galères sans forme de procès contre ceux qui auraient pris part à un culte public, et des amendes arbitraires contre tous les protestants de la région qui ne les auraient pas dénoncés.

Citons maintenant quelques exemples.

En 1747, une assemblée de soixante-quatorze personnes ayant été surprise à Anduze, on envoie tous les hommes aux galères. En 1745 et 1746, deux cent soixante-dix-sept hommes, dans la seule province du Dauphiné, subissent le même sort ; quant aux femmes, elles sont fouettées et emprisonnées. En 1746, le présidial d’Auch prononce la sentence capitale contre quarante gentilshommes coupables d’avoir entendu un prêche. En 1754, un autre tribunal condamne à mort le pasteur Lafaye, et le fait exécuter aussitôt. En 1762, le pasteur Rochette est pendu. Quand on vient l’arrêter, le tocsin sonne, et toute la population catholique s’ameute ; trois jeunes gentilshommes, les frères Grenier, prennent les armes de crainte qu’on ne leur fasse un mauvais parti : le même tribunal qui avait jugé Rochette les livre au bourreau ; ils ne sont pas pendus, mais décapités.

Nous trouvons la plupart de ces faits mentionnés par Voltaire. « On a fait pendre et rouer des ministres