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RELIGION

service. » Et, à la fin de la lettre, il répète trois fois Écrasez l’inf…[1].

On a déjà vu de quelle façon Voltaire combattait le catholicisme ; disons maintenant pourquoi il le combattit.

Il est le premier à dire que les questions métaphysiques dépassent l’intelligence humaine[2] ; et, quand une de ces questions se pose, il reconnaît humblement sa faiblesse. Mais, si faible que soit notre raison, il ne veut pas du moins y contredire. Or, le catholicisme prétend nous imposer des croyances qui la révoltent.

Il appelle le théologien Jacques Vernet « professeur de la science absurde » (Lettre à Diderot, 1758 ; LVII, 456). Il écrit au cardinal de Bernis : « Quoi ! sérieusement, vous voulez rendre la théologie raisonnable ? Mais il n’y a que le Diable de La Fontaine à qui cet ouvrage convienne[3]. » Elle est « un cours de Petites-Maisons » (28 déc. 1761).

Parmi tant de dogmes absurdes imaginés par les théologiens du catholicisme, n’en retenons que deux, auxquels il revient le plus souvent, celui de la Trinité et celui de la Transsubstantiation.

D’après la religion catholique, il y a un seul Dieu, mais, en même temps, il y a trois personnes divines. La première, nommée le Père, a engendré la seconde, nommée le Fils, et le Père avec le Fils ont engendré la troisième, nommée l’Esprit ; cependant l’Esprit, le Fils et le Père sont aussi anciens l’un que l’autre. Ils

  1. Cf. encore la lettre à d’Alembert du 26 juin 1766, la lettre à Helvétius du 27 octobre de la même année, etc.
  2. Cf. p. 6 sqq.
  3. Allusion à un conte de La Fontaine, intitulé la Chose impossible.