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VOLTAIRE PHILOSOPHE

invite à la curée »; et le 19 novembre 1765 : « Allons, brave Diderot, intrépide d’Alembert, joignez-vous à mon cher Damilaville, courez sus aux fanatiques et aux fripons ;… détruisez les plates déclamations, les misérables sophismes, les faussetés historiques, les contradictions, les absurdités sans nombre, empêchez que les gens de bon sens ne soient les esclaves de ceux qui n’en ont point ; la génération naissante nous devra sa raison et sa liberté. » Encore à Damilaville, le 28 juillet 1766 : « Si le Platon moderne[1] voulait, il jouerait un bien plus grand rôle que l’ancien Platon. Je suis persuadé encore une fois qu’on pourrait changer la face des choses. » À d’Alembert, le 30 juillet de la même année : « Je pleure les gens dont on arrache la langue, tandis que vous vous servez de la vôtre pour dire des choses très agréables et très plaisantes. » À Damilaville enfin, quelques jours après, le 25 août : « Tout ce que je puis vous dire aujourd’hui par une voie sûre, c’est que tout est prêt pour l’établissement de la manufacture [une colonie philosophique qui devait s’établir à Clèves]… Des bords du Rhin jusqu’à ceux de l’Obi, Platon trouverait sûreté, encouragement et honneur… Je ne conçois pas ceux qui veulent ramper sous le fanatisme dans un coin de Paris tandis qu’ils pourraient écraser ce monstre. Quoi ! ne pourriez-vous pas me fournir seulement deux disciples zélés ! Il n’y aura donc que les énergumènes qui en trouveront ! Je ne demanderais que trois ou quatre années de santé et de vie ; ma peur est de mourir avant d’avoir rendu

  1. Diderot