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LE RÉALISME DU ROMANTISME.

sons approximatives, ce qui est nouveau chez lui, c’est qu’il considère le genre comme une sorte de personnalité organique ayant son essence propre et je ne sais quelle vie indépendante des œuvres et des écrivains. Ainsi le doctrinaire reparaît jusque dans l’application d’une méthode fondée sur l’histoire naturelle ; du moment où il la pratique, cette méthode, originellement réaliste, tourne à l’abstraction.

« J’ai eu beau faire, dit Sainte-Beuve dans la conclusion de Port-Royal, je n’ai été et ne suis qu’un investigateur, un observateur sincère, attentif et scrupuleux. » Mais, ajoutait-il modestement, aucun « emploi de l’esprit » n’est « plus légitime et plus honorable » que « de voir les hommes et les choses comme ils sont et de les exprimer comme on les voit, de décrire autour de soi, en serviteur de la science, les variétés de l’espèce ». Par là, il mérite vraiment le nom de critique réaliste. Quant aux successeurs de Sainte-Beuve, la critique, sous leur direction, a été plutôt détournée de son vrai chemin. Si leurs systèmes dénotent une rare vigueur de talent, rien n’en demeure d’utile qui ne se trouvât déjà chez lui.