génie, même si elle ne connaît aucune mesure, aucune règle, n’en force pas moins l’admiration de ceux pour lesquels Racine est un artiste divin.
Si nous revenons maintenant aux poètes nés français, il faut mettre à part M. Maurice Bouchor, qui se tint en dehors de toute école. M. Bouchor a sa façon propre d’être symboliste. Un de ses meilleurs livres s’intitule les Symboles : il y développe tour à tour, avec une piété fervente, les grands mythes par lesquels l’humanité a exprimé sous des formes diverses le sentiment universel de l’au-delà. Plus tard il écrivit des « mystères » pour un théâtre de marionnettes. Les marionnettes, vu la gravité hiératique que leur prêtent une figure immobile et des gestes monotones, convenaient mieux que des acteurs en chair et en os à la représentation de personnages fabuleux, qui n’ont guère qu’une valeur de type. Dans ces pièces, M. Maurice Bouchor revint à l’union primitive de la religion et de la poésie. Citons en particulier les Mystètes d’Éleusis, qui sont une des belles œuvres de notre temps. Par l’inspiration d’abord, car ils célèbrent ce qu’il y a de plus humain à la fois et de plus divin, l’amour, la charité. Ensuite, par l’admirable poésie qui, d’un bout à l’autre, s’y répand avec je ne sais quelle heureuse et facile plénitude : scènes de la vie domestique, où règne une familiarité cordiale, parfois une gaîté tout ingénue ; scènes champêtres, où nous retrouvons la candeur savoureuse du