semble assez peu valable. D’abord, les vers ne sont plus faits uniquement pour être dits ; ensuite, je ne sache pas que celui qui dit des alexandrins respire toujours à la fin de chaque unité métrique et ne respire jamais avant. Ce qui est vrai, c’est que l’oreille, ne pouvant saisir un ensemble rythmique trop étendu, le décompose en fragments indépendants du tout. Le seul moyen d’obvier à cet inconvénient consisterait dans la régularité parfaite des groupes rythmiques, toujours les mêmes pour chaque vers ; mais une suite de vers ainsi rythmés serait d’une insupportable monotonie. Ajoutons, du reste, que nos poètes modernes ont très rarement employé les mètres de longueur anormale.
Quant aux mètres impairs, les symbolistes emploient surtout ceux de neuf et ceux de onze syllabes. On les rencontre quelquefois dans notre poésie du moyen âge. Au xvie siècle, certains novateurs composent, sur le modèle de la prosodie latine et grecque, des hendécasyllabes qui observent tant bien que mal les règles de la quantité. Une chanson de Malherbe[1] est en quatrains dont les deux premiers vers comptent onze pieds. Scarron, Voltaire, ont usé parfois de ces deux mètres dans une intention comique. De nos jours, Théodore de Banville s’y amusa par curiosité d’artiste, comme, d’ailleurs, au vers de treize syllabes. Mais c’est l’école symboliste qui en reconnut la valeur expressive. Verlaine les recommande dans son art poétique, et, donnant l’exemple avec le pré-
- ↑ Il n’est pas bien sûr que Malherbe en soit l’auteur.