tique ». Et cet art poétique n’a sans doute rien de proprement symboliste, au sens exact du mot, mais il indique fort bien le sens général de l’évolution qui se prépare. Verlaine y prend parti contre le Parnasse. Il avait jadis raillé les « Inspirés »
D’abandonner leur être aux vents comme un- bouleau.
Maintenant, le voici disant au poète :
Que ton vers soit la bonne aventure
Éparse au vent crispé du matin.
Il fait la guerre à la rhétorique, voire à l’éloquence :
Prends l’éloquence et tords-lui le cou.
Ce qu’il veut, c’est une poésie, non pas rationnelle,
comme celle des Malherbe et des Boileau, non pas
même pittoresque, comme celle de Théophile Gautier, ou sculpturale comme celle de Leconte de Lisle,
mais fluide, aérienne, vaguement nuancée, une
« chanson grise ». Tel est, dès lors, le caractère de
ses vers. Et il y accommode naturellement sa langue
et sa prosodie. Presque toutes les innovations de
l’école moderne, c’est lui qui en est le premier auteur.
La poétique de Paul Verlaine consiste à proscrire
le concerté, l’apprêté, ce qui sent l’art, ce qui se
nomme littérature, à faire, du vers,
la chose envolée
Qu’on sent qui fuit d’une âme en allée
Vers d’autres cieux...
Et certes, ses meilleures pièces sont aussi les plus
ingénues.
Verlaine, au reste, désapprouva en maints cas ceux