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LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE AU XIXe SIÈCLE.

die à la tragédie ; dans Christophe Colomb, il met la scène sur un navire, il viole l’unité de lieu en transportant ses personnages d’Espagne jusque dans le Nouveau-Monde. C’est un classique parfois rebelle, mais c’est bien pourtant un classique. Pinto peut après tout passer pour une imitation de Beaumarchais, et, dans sa préface de Christophe Colomb, l’auteur s’excuse lui-même d’avoir une fois transgressé les règles « dont les chefs-d’œuvre des maîtres ont consacré l’excellence ». Son Cours de littérature est conçu dans l’esprit le plus étroit, et le romantisme à ses débuts n’eut pas d’ennemi plus acharné que ce prétendu novateur. L’auteur de Colomb et de Pinto refusa obstinément sa voix d’académicien à celui de Hernani, ne se doutant guère qu’il devait l’avoir pour successeur.

Raynouard fit les Templiers, qui, si l’on en jugeait par le titre, inaugureraient chez nous un théâtre national. Mais il est impossible de voir dans cette pièce rien qui annonce le drame romantique : c’est toujours le patron consacré de la tragédie à confidents et à tirades, et l’innovation ne porte que sur le choix du sujet. Le poète érudit avait eu beau faire du milieu et des personnages une consciencieuse étude ; le genre dont il se considérait comme le créateur n’en était pas moins condamné d’avance par les lois de notre scène à des procédés d’abstraction inconciliables avec le vrai drame historique.

Sous la Restauration il semble d’abord que la tragédie va se régénérer. Guiraud fait représenter en 1823 son Comte Julien ; Soumet donne sa Jeanne d’Arc en 1825 et son Élisabeth de France en 1828. Tous les deux s’essaient plus ou moins heureusement, mais dans une mesure toujours bien discrète, à concilier les formes traditionnelles de l’art dramatique avec les tendances encore vagues et timides du romantisme naissant. Mais le poète qui représente le mieux ces besoins et ces instincts de nouveauté, avant qu’une génération plus forte et plus militante n’arbore hardiment l’étendard romantique, c’est Pierre Lebrun, l’auteur de Marie Stuart et du Cid d’Andalousie. Lebrun se félicite