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ÉTUDES DE LITTÉRATURE

l’instruction populaire. C’est une période de recueillement, de réflexion, de contrôle. On se rend compte des fautes commises, on met à profit son expérience. Et, du reste, il n’importe pas tant de créer des Universités populaires nouvelles. Quarante pour la Seine et cent pour la province suffisent amplement aux besoins actuels ; surtout si, comme le font déjà quelques-unes, elles étendent le champ de leur activité par l’envoi de conférenciers dans les petites villes et dans les communes rurales. Ce qui importe, c’est de régler le fonctionnement des Universités déjà établies en les conformant le mieux possible à leur destination véritable. Il faut, pour cela, résoudre un certain nombre de questions. Examinons-les très brièvement.

Et d’abord, quels sont les auditeurs que l’Université populaire doit avoir en vue ? Tout le peuple ou bien une élite ? Je sais qu’on a discuté beaucoup sur ce point essentiel. Puis-je dire qu’il ne me semble guère discutable ? Mettre l’enseignement supérieur à la portée de tous, c’est le rabaisser. De quelque nom qu’on le parât, cet enseignement n’atteindrait même pas le niveau d’un cours d’adultes moyen. Si l’Université populaire s’adressait également à toutes les intelligences, elle sacrifierait celles-là mêmes qui sont seules en état d’acquérir une instruction plus haute. Qu’elle s’adresse donc à l’élite du peuple. Et ne nous laissons pas effrayer par ce mot, quelque suspect que le trouvent certains démocrates d’esprit court. Nous ne pouvons pas établir l’égalité de l’enseignement en donnant à tous une culture supérieure, dont la plupart sont incapables ; nous ne devons pas l’établir en privant de cette culture ceux qui sont capables de la recevoir.

Une seconde question, qui concerne le mode d’en-