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L’ARCHITECTURE

but est la simple utilité, et son unique soin est le soin de son bien-être. C’est seulement lorsqu’il construit des édifices consacrés à Dieu et destinés à honorer son Créateur que l’ouvrier devient artiste, et que s’éveille dans son âme le désir de donner à son œuvre un caractère, une beauté digne de sa haute destination.

Tout édifice devant manifester un sentiment et une pensée, il a son expression : la petite maison de Socrate exprime la modestie de ses goûts ; les vastes galeries du palais de Versailles expriment l’orgueilleuse majesté de Louis XIV ; les immenses proportions de la basilique de Saint-Pierre, à Rome, expriment l’universalité puissante du catholicisme.

Si la première qualité logique d’une construction est d’indiquer clairement son objet et sa destination, la seconde est de se renfermer dans des limites et des dimensions que l’œil puisse embrasser sans effort ; la troisième est une simplicité de dessin, une harmonie de lignes et de surfaces qui produise l’impression agréable de l’unité sans sécheresse, et de la variété sans confusion.

Il n’y a pas d’art qui, plus que l’art de bâtir, dépende de la nature, et qui soit plus borné dans ses moyens d’expression. L’architecte ne dispose que des lignes, des surfaces, et, dans une mesure assez étroite, de la couleur ; c’est par la proportion et la symétrie qu’il parle à l’imagination. La grande dimension de ses œuvres lui impose comme un devoir la sobriété dans les ornements ; jamais les détails de sculpture ne peuvent être que des accessoires, jamais ils ne doivent voiler ou altérer les grandes lignes du monument. Par exemple, notre architecture contemporaine ne se distingue par aucune innovation intéressante ; elle est toute d’imitation, très éclectique, trop curieuse d’effets pittoresques et décoratifs, souvent oublieuse du respect des grandes lignes ; au contraire, l’architecture grecque est