Ce n’est vraiment pas la peine d’être homme et d’avoir la faculté de penser pour s’enfermer dans cette niaiserie. Il faut dire, à propos de cette fleur : « La grâce de son contour, la variété de ses pétales et de ses nuances dans l’unité de sa forme et de sa couleur, voilà ce qui charme dans la rose, parce que tout cela éveille en nous les sentiments de la grâce, de la richesse, de l’unité et de la vie ; voilà pourquoi et comment la rose est belle, pourquoi elle est proclamée la reine du printemps. »
Le goût critique distingue avec intérêt dans les œuvres d’art certains caractères parfois très délicats , qui sont propres au temps, au pays, à l’école, au génie individuel de l’artiste, et qui constituent ce qu’on appelle le style d’une œuvre. Par exemple, un temple grec, une basilique romaine, une église gothique, diffèrent par leur style.
En étudiant les différences du style, on reconnaîtra si une vierge est l’œuvre de Giotto, de Fra Angelico, du Pérugin, de Raphaël, du Titien, de Rubens, de Lesueur ou de Flandrin.
Les deux ennemis les plus dangereux de l’art et du beau sont la gloire et l’argent. Trop souvent l’artiste prend l’opinion publique pour juge et croit conquérir la gloire en méritant les suffrages des hommes. Plus souvent encore, il se laisse séduire par l’offre d’un prix élevé, et mesure la valeur de ses œuvres à l’argent qu’en donnent les marchands. Ces deux illusions sont déplorables, parce que la vogue n’est pas la gloire , et parce que les hommes payent toujours plus cher le courtisan de leurs vices que le serviteur désintéressé de la vertu. Joubert disait avec une exquise profondeur : « Pour plaire aux corrompus, il faut peindre des passions désordonnées comme eux... Avec la fièvre des sens et les grands fléaux de la vie, on écrira tant qu’on voudra des romans qui feront pleurer ; mais l’âme dit : Vous me faites mal. »