Page:Pelletier - Oeuvres diverses.pdf/91

Cette page n’a pas encore été corrigée

de professeur, fournit au savant les moyens cle tra¬ vailler. Les hommes se disputent ces places, ils sont trop et il y a très peu d’élus pour beaucoup d’appelés; les femmes n’osent encore y prétendre.

En mathématiques, en philosophie, en littérature, le matériel n’est pas nécessaire. Avec du papier et des idées on peut faire une œuvre remarquable si on en a les moyens. La voie est plus facile, aussi est-ce dans ces genres que se rencontrent les quelques fem¬ mes qui ont brillé. L’entrave sociale est loin cepen¬ dant de cesser parce que le laboratoire n’est plus nécessaire. La première condition pour faire œuvre géniale, outre les dons supérieurs, est de croire en soi : or la société met tout en œuvre pour que la fem¬ me ne puisse croire en elle.

La femme, dira t-on, ne manque pas d’orgueil, com¬ bien au contraire en sont pétries au grand désagré¬ ment de leur entourage. Mais autre chose est de vou¬ loir écraser les autres d’une prétendue supériorité, autre chose est de vouloir s’affirmer par une œuvre personnelle. La malveillance ambiante, combat d’ordi¬ naire l’homme qui ose croire en lui, néanmoins, nous l’avons dit, il est bien rare qu’il ne trouve pas un cercle d’amis où on reconnaisse plus ou moins sa valeur. Spencer travaillait dans le bureau d’un ingé¬ nieur. Au début il ne sait pas trop où est sa voie, il change de place, revient chez son père ; il apparaît alors ce que nous, appellerions un raté. Néanmoins son entourage l’apprécie, on fait venir un phrénoîogue qui lui trouve toutes les aptitudes, excepté celles qu’il a, — Tu as de l’esprit, — dit la société à la femme ; c’est un grand malheur, mieux vaudrait que tu eusses de l’argent ou de la beauté ; on n’a que faire de ta supériorité intellectuelle.