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le haut enseignement est en fait fermé aux fem¬ mes {i ). Au milieu cîe la foule des étudiants bornés dans leur ambition comme dans leurs moyens, il en surgit quelques-uns qui visent les hauts grades uni¬ versitaires, Grands travailleurs, bien doues pour ia mémoire, parfois pour l’intelligence, de condition au moins aisée, ils rêvent de devenir agrégés de méde¬ cine, professeurs de faculté, etc. Les femmes savent d’avance qu’un pareil avenir leur est fermé. Filles de petite bourgeoisie pour la plupart, elles iront d’ailleurs pas les moyens d’attendre une situation pendant dix ans, quinze ans et même davantage. Les parents les ont envoyées à l’université parce que leur mariage est problématique faute de dot. Elles aspirent à être au bout de quelques années en état de gagner leur vie comme médecins, professeurs de collèges, petites bureaucrates, chimistes dans la phar¬ macie ou l’industrie, encore que tous ces emplois modestes soient de conquête récente ; il y a seulement quinze ans nous paraissions des utopistes en reven¬ diquant tout cela.

L’étudiante assez souvent trouve un mari de condi¬ tion analogue à la sienne, les époux joignent leurs deux gains et vivent en bourgeois aisés.

L’art et la science ne nourrissent qu’à la condition de s’y contenter d’un rôle modeste d’ouvrier.

Le génie scientifique exige pour produire, du moins dans les sciences expérimentales, un matériel coûteux. Scheeîe dépensait six cents francs par an pour son laboratoire, aujourd’hui que les découvertes élémen¬ taires sont faites, il faut une fortune.

D’ordinaire, c’est l’Etat qui, en lui donnant la place

(1) Le cas de Mme Curie est à part : elle succéda à son mari mort d’un accident.