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preuves ; il est le fils d’un roi, d’un grand person¬ nage, etc. Il est rare qu’un aliéné s’intéresse à ce qui n’est pas lui.

Voltaire a dit que, même pour être heureux, un homme intelligent 11 e consentirait jamais à devenir un imbécile. Le génie est le plus enviable des dons ; c’est en quelque sorte un don de surhumanité ; il est à noter que les hommes de génie ont en général une longue vie. Ils peuvent dans une certaine mesure se suffire à eux-mêmes, grâce à l’énergie intérieure qui leur permet de résister ù l’hostilité des hommes et des choses. Le bonheur de l’homme médiocre a peu de réalité. Sa vie est remplie des petits soucis, que¬ relles de ménage, blessures d’amour-propre, préoc¬ cupations d’intérêt avide d’argent, ti se croit tou¬ jours lésé et vit dans une colère à peu près conti¬ nuelle. Il tient par dessus tout à l’opinion des autres et, comme les hommes sont en général malveillants, il a beaucoup à souffrir

L’homme de génie passe sur tout cela comme un éléphant sur une four minière ; enfermé dans ses pensées, il ne voit rien, les flèches empoisonnées des gens ordinaires P entament peu. Méconnu, il a certes à souffrir, mais ,il a ce que n’a pas l’homme ordi¬ naire, sa vie intérieure comme refuge. Cependant, l’homme supérieur est privé à bien des égards parce que les plaisirs de l’homme vulgaire n’en sont pas pour lut ; il est beaucoup plus difficile. J’aime l’étude, écrivait Stuart Mil! à Gustave d’Eîchtal et je crains que vous ne vous ennuyiez chez moi — a Je ne suis guère amusable » écrivait-il à Auguste Comte.

Plus délicat, plus complexe, l’homme de génê 1 souffre de ce qui laisse l’homme ordinaire indiffé¬ rent. L’homme moyen parle avec tranquillité de la