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que l’idée domine passent volontiers pour des fous dans un monde dont les préoccupations sont presque exclusivement matérielles. La politique, Part, la science, la religion tiennent fort peu de place dans la vie du commun des hommes. Quelques moments de lecture, de visites aux expositions, quelques réu¬ nions. des offices suivis machinalement sont tout leur idéal.

L’intérêt véritable de leur vie porte sur les choses matérielles : l’argent, le travail qui le procure, les repas, les vêtements, le logement, P amour. L’homme est un animal supérieur, mais ce n’est qu’un animal ; sa vie, comme celle des animaux, se passe tout en* tière à manger, à boire, à dormir et à se reproduire. Elle est seulement plus compliquée parce que, plus intelligent, le premier des primates a su transformer la nature et l’adapter à une meilleure satisfaction de ses besoins.

Aussi quand on voit un homme, plus encore une femme, faire fi de ce que chacun tient tellement à cœur, qui passe dans la vie l’air absent, l’esprit tendu vers ce qu’on considère comme des chimères, on le prend facilement pour un aliéné.

Il y a d’ailleurs entre le génie vrai ou taux et l’aliéné une similitude d’apparence. Tous les deux sont possédés par leur idée ; l’aliéné vit dans son délire comme le génie dans son œuvre, la différence est dans le contenu. Le génie, même faux, n’a pas les conceptions de la dégradation mentale. Le faux génie développera avec ampleur une vérité connue, il croira avoir trouvé la quadrature du cercle, mais son système se tient. Le fou, même dans les délires les mieux systématisés, ne pense guère qu’à sa personne. On le persécute, il en énumère ce qui lui semble des