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des plus fortuits. Fils de pauvres ouvriers, il jouait dans une rue du quartier du Marais lorsqu’il voit une bande de lycéens poursuivre et frapper un de leurs camarades parce qu’il était vêtu d’un manteau démodé. Courageusement il se porte au secours de la victime et parvient à mettre en fuite les agresseurs. La mère reconnaissante lui paie le collège. Sans les circonstances, il y a bien des chances pour que Cousin devint comme ses parents un simple ouvrier, mais sans la supériorité intellectuelle il serait devenu un médecin ou un professeur obscur. L’homme moyen subit telle quelle l’ambiance, l’homme supérieur la dissocie pour y trouver les éléments de son développement.

L’originalité est la condition primordiale du génie, L’homme de talent ne sait que parfaire ce qui a été fait avant lui ; l’homme de génie trouve du nouveau, iî perçoit des relations là où l’homme ordinaire n’en voit pas, A vrai dire, la nouveauté est rarement absolue, et on doit considérer les domaines dans lesquels s’exerce l’esprit génial. Celui qui fait une découverte apporte du nouveau, quoique en réalité la plupart du temps, la question eût été étudiée avant lui par des gens qui n’ont pu que se, rapprocher de la vérité. En philosophie ou en littérature, le génie est plus difficile à définir, aussi est-il à bien des égards question d’appréciation ; il ne peut y avoir entre le génie et le talent une détermination rigoureuse. Si l’œuvre est bonne on dit que l’auteur a du talent, si elle est très bonne on lut accorde du génie. On comprend tout ce qu’il y a de subjectif et d’arbitraire dans une pareille classification. Cependant, même dans ce domaine, c’est l’originalité qui doit servir de critérium. Zola nous parait aujourd’hui