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croyants et pratiquants. Ils invoquent la cloison étan¬ che qui séparerait le domaine de la science de celui de la foi ; la fameuse séparation de l’oratoire et du laboratoire. Il n’y a pas de cloison étanche, toutes les activités de l’esprit humain sont connexes. Les mêmes raisonnements qui ont servi à édifier la science détrui¬ sent les dogmes religieux. Comme les problèmes ulti¬ mes ont défié jusqu’ici l’esyorit humain, on peut sans manquer à l’intelligence transformer à l’égard de la providence et de la vie future sou immense désir en acte de foi. Mai,s un savant qui accepte avec sincérité des dogmes qu’une raison bien inférieure à celle qu’il faut pour faire les découvertes scientifiques a suffi à détruire fait montre d’infirmité intellectuelle. On peut croire que dans son œuvre les circonstances ont eu plus de place que lui-même.

On a dit que le génie est une longue patience et un croit d’ordinaire que ceux qui pensent ainsi rabais¬ sent le génie, il n’en est rien, la longue patience n’est pas, comme on le pourrait croire, à la portée de tout le monde, elle tient à un attachement tout à fait exceptionnel pour l’idée. Newton a dit qu’il avait découvert la gravitation en y pensant toujours. On serait tenté d’en conclure que faire une découverte soit chose aisée ; qu’on essaie. On ne réussit pas à suivre pendant de longues années une idée si l’on n’est pas pourvu de facultés tout à fait exceptionnelles.

Le savant médiocre, lorsqu’il est à son laboratoire, pense à la question qu’il étudie, mais il s’en faut de beaucoup qu’il soit accaparé tout entier par elle. Les choses de la vie ordinaire, sa femme, ses en¬ fants, sa situation, ses amis, les menus faits du jour l’intéressent beaucoup plus ; aussi quitte-t-il, en ôtant sa blouse, les préoccupations scientifiques. Dans la