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réserve aux riches ; propreté éblouissante, chambres gaies pour un, deux, trois, quatre lits au plus ; isolement des malades graves.

Et les médecins ? Que feront-ils lorsque tous les malades iront à l’hôpital. Cette question est secondaire ; si les médecins ne trouvent pas à s’employer, ils feront autre chose. D’ailleurs selon toute probabilité, la profession médicale ne fera que se transformer. Les médecins de quartier deviendront médecins d’hôpital et recevront des traitements fixes.

La profession de médecin de quartier est fatiguante et aléatoire. Il faut monter des étages toute la journée. Isolé dans son appartement, loin de ses anciens maîtres, le médecin au lieu d’accroître scs connaissances, oublie avec les années ce qu’il a appris à l’université. La pra¬ tique prend, dans son esprit, la place de la théorie, il est vrai ; mais ses moyens d’investigation sont bornés. Privé de laboratoire, d’appareils, d’aide, il n’a pour éclai¬ rer son diagnostic que le simple témoignage de ses sens. Il n’ose prendre la responsabilité d’une opération importan¬ te, qu’il ne pourrait faire d’ailleurs, faute d’installation et de pratique.

Exercée à l’hôpital, la profession médicale sera beaucoup plus intéressante ; parce que plus scientifique.

Le régime des aliénés s’est beaucoup amélioré depuis le temps ou Pinel les a délivrés de leurs chaînes. On ne croit plus que la folie est l’effet de la possession démoniaque et que les aliénés sont des coupables qu’il faut punir Néanmoins il y a encore beaucoup à faire dans cette voie.

La plupart des malades enfermés dans les asiles ne sont pas dangereux ; vieillards atteints de faiblesse mentale, alcooliques devenus déments, paralytiques généraux peu avancés, déments précoces, demi-idiots, mélancoliques à délire tranquille.