Page:Pelletier - Oeuvres diverses.pdf/34

Cette page n’a pas encore été corrigée

On doit y trouver avant tout la liberté ; la faculté de sortir, de ne pas rentrer coucher, comme dans sa propre maison. C’est la privation de liberté qui est la chose la plus pénible aux hospitalisés. Ils passeraient encore sur les mauvaises conditions, mais beaucoup préfèrent geler de froid et pâtir de la faim dans leur mansarde plutôt que de voir les menus actes de leur vie de chaque jour réglementés par une administration tracassière.

L’enfant abandonné par ses parents, l’orphelin ont droit à la vie heureuse, au développement intégral de leur intelligence au même titre que n’importe quel autre enfant.

Le préjugé de caste qui subsiste, encore très vivant, de nos jours, fait à l’enfant un crime de ce qui n’est que son malheur. Sorti du corps de sa mère il vaut tout autant que celui qu’une reine ou une milliardaire a mis au jour. Les personnes peuvent être inégales en intelligence, en énergie, en mérite, mais les ventres sont égaux ; il n’en est ni de nobles ni d’ignobles. C’est la vie, plus tard qui doit régler les différences, honorer le génie, reconnaître l’effort, estimer la valeur morale, mais au jour de la naissance tous les bébés sont égaux.

Dans une société bien ordonnée, l’abandon d’un enfant au lieu d’être pour lui une calamité, sera un bonheur puisqu’il aura pour effet de substituer à la direction de son éducation, l’État éclairé à une famille quelconque.

L’éducation par les parents aurait été mauvaise. Grandi dans la malpropreté, souvent dans la laideur morale, toujours dans l’ignorance, reniant serait préparé pour la vie inférieure. À la famille se substitue l’État ; le bébé manque de tendresse, mais il a l’hygiène, les soins bien dirigés et il se développe en santé. Plus tard les pédagogues font rendre à son intelligence tout ce qu’elle peut donner.

L’origine de l’enfant n’est pas une tare ; c’est son avenir et non sa naissance qui devra donner la mesure de la con¬ sidération à laquelle il aura droit.