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III


La société de demain comprendra, il le faut espérer, que l’assistance n’est pas une déchéance, mais un droit.

Tout vieillard, tout enfant abandonné par ses parents, tout homme ou toute femme momentanément privé de ressources doit la recevoir sans avoir besoin de prier, de s’humilier, d’exagérer son mal ou sa misère.

La porte de la maison de secours doit être largement ouverte, parce que la misère n’attend pas.

« L’homme finit sa vie dans le désespoir » a dit Spinoza. C’est ce qui fait que les plus beaux hospices de vieillards sont des maisons de tristesse. Celui qui entre là sait qu’il lui faut laisser toute espérance et qu’il n’a plus à attendre que la mort, La société doit donc procurer au vieillard qui ne veut pas profiter de ces hospices les moyens de vivre seul de la vie de tout le monde.

La loi sur l’assistance obligatoire a été un premier pas dans cette voie, mais comme toutes les lois faites en faveur des pauvres, elle existe avant tout sur le papier. Le malheureux qui veut en bénéficier doit avoir des protecteurs. D’ailleurs le secours alloué ne permet pas de vivre à celui qui n’aurait pas d’autres ressources.

L’hospice de vieillards doit être une maison gaie. C’est le remerciement de la société au travailleur qui lui a donné toute une vie d’efforts. On doit pouvoir y trouver une chambre confortable et personnelle, une bonne nourriture, des soins, des livres, des jeux ; le cinéma, le concert.