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et par le petit bureaucrate qui le rudoie. Il faut pour toucher une aumône quantités de formalités compliquées.

Le mendiant professionnel, lui, n’est pas rebuté. Il revient à la charge autant de fois qu’il faut. Il harcèle les fonctionnaires, le clergé, les couvents, les gens riches connus par leur charité et il finit par atteindre son but qui est de vivre sans travailler.

Il revêt la livrée de la misère sordide et puante. Si sa mansarde était propre, on le jugerait aisé et on ne lui donnerait pas. Il croupit dans la saleté, dort sur des chiffons ou pullule la vermine. Sa poitrine est secouée tous les hivers par des rhumes qui n’en finissent pas. Ses plaies exposées à l’ordure suppurent indéfiniment. Le jour où il touche son secours, il s’enivre et le lendemain il n’a pas de quoi acheter du pain.

Les grandes villes entretiennent ainsi de véritables armées de parasites. Ils grouillent dans les rues étroites à maisons sordides ; ils ont de nombreux enfants qui, loin de leur coûter leur rapportent. Mais la société ne bénéficie guère de leur fécondité ; ces enfants alimenteront le crime et la prostitution.