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Les pupilles des « bonnes sœurs » n’ont que la ressource de se faire domestiques ; un certain nombre deviennent des prostituées en dépit du Bon Dieu et des pratiques religieuses dont on a saturé leur enfance.

L’État, charitable, disons-le tout de suite ne vaut pas mieux que l’Église, parfois il vaut encore moins. La République bourgeoise, édifiée sur l’argent, tient les pauvres en profond mépris. Être secouru par l’Assistance Publique est considéré comme une honte.[1]

L’assistance considère donc sa clientèle comme une vile canaille avec laquelle il n’y a pas à se gêner. Les nouveaux-nés périssent par milliers chez les paysannes mal payées, ignorantes de toute hygiène. Les pupilles, laissées presque sans instruction, sont abandonnées dans un âge encore tendre à des paysans qui les exploitent et les traitent durement.

Les malades des hôpitaux sont mal nourris, presque pas traités à moins que leur cas ne présente quelque intérêt scientifique.

Il existe une croyance populaire d’après laquelle les médecins se livreraient sur les malades des hôpitaux à des expériences « in anima vili ». Elle est fausse, mais combien de malades meurent faute de soins ou tués chirurgicalement par un élève que le chef a négligé de surveiller.

À l’égoïsme féroce des forts correspond la dégradation des faibles. Le vrai pauvre, digne de pitié se suicide ou meurt de misère. Timide, il n’ose demander du secours et s’il se hasarde à demander il est de suite rebuté par le haut fonctionnaire qui ne daigne pas répondre à ses lettres

  1. On a reproché il y a quelques années à un candidat à la députation, d’avoir eu sa mère au bureau de bienfaisance.