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fait naître l’idée de charité qui n’est pas un bien absolu, car elle ne fait que corriger dans une proportion très faible le mal qu’engendre la propriété en créant les pauvres et les riches.

Le sauvage peut trouver sa vie sur la terre. Avec sa hache de pierre, sou arc et ses flèches, il est certain de manger. La civilisation enclot les lorrains, il eu réunie que la majorité des humains est chassée de la terre qui devient la chose d’une minorité. Pour subsister les gens sans propriété n’ont que la ressource de se mettre humblement au service de ceux qui se sont arrogés les droits de propriétaire.

De bonne heure les sociétés comprennent la nécessité de prêter assistance aux déshérités de la vie ; elles sentent confusément ce que la notion de propriété a d’arbitraire et le peu de cas qu’en pourra faire le pauvre poussé par la faim.

Comme depuis toujours ce sont les heureux qui gouvernent ; ils organisent contre les malheureux la répression qui a pour but de les contenir. Mais on comprend que contenir ne suffit pas ; et qu’en même temps qu’on verrouille les prisons, il n’est pas inutile d’adoucir la misère. Les riches donnent un peu pour ne pas qu’on leur prenne tout.

Les religions, les morales systématisent la nécessité de l’assistance ; elles en font des devoirs, des ordres de la divinité.

La lutte pour la vie, adoucie par la civilisation, permet le développement des sentiments altruistes. L’homme ressent la pitié, sentiment inconnu de l’animal, presque ignoré du sauvage et du paysan inculte.

C’est d’abord l’enfance malheureuse qui émeut ; parce que les enfants réveillent les instincts obscurs de protection liés à la conversation de l’espèce ; ensuite les souffrances des adultes et des vieillards arrivent à provoquer la commisération.