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L’Assistance


Chapitre I.


La valeur de l’assistance aux malheureux croît en raison du degré de civilisation d’un pays.

L’animal passe indifférent devant son camarade blessé, mort ou affamé ; les petits dont la mère est morte n’ont eux-mêmes qu’à mourir. Les faits d’aide entre les animaux sont exceptionnels ; chez eux c’est la loi de lutte égoïste pour la vie individuelle qui domine. Seul l’instinct indispensable apporte tout juste ce qu’il faut d’altruisme pour que l’espèce ne périsse pas. La mère prend soin de ses enfants tant qu’ils sont jeunes. Mais dès que le petit est en âge de chercher sa nourriture, elle ne le connaît plus ; elle le chasse même et le bat, comme un rival.

Chez l’homme primitif, il en est à peu près de même ; les vieillards, les malades sont tués ou abandonnés.

Nombre de peuples sauvages ont pour coutume de tuer les vieillards. Ce sont les enfants qui rendent à leurs vieux parents le service de les délivrer d’une vie dont l’entretien serait à charge aux autres. Le meurtre prescrit par la religion, s’accomplit en cérémonie. Les vieux se soumettent pensant que les choses ne peuvent aller autrement ; ils se souviennent d’ailleurs que dans leur jeunesse ils ont traité leurs parents comme on les traite à leur tour.

Frazer rapporte que chez nombre de peuplades les rois sont tués au premier signe de décrépitude.

La civilisation, en développant le sentiment de la pitié,