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V


Il est un chapitre du néomalthusianisme que l’on néglige, d’ordinaire ; c’est cependant le plus important, la femme.

La plupart du temps la r os trie lion volontaire des naissances est traitée comme un problème d’économie politique ; de la femme, nulle mention, on pourrait croire que les enfants poussent dans la terre, comme les plantes et que la mère n’intervient en rien dans leur production.

L’affranchissement féminin n’est commencé que d’hier. Pour la plupart des hommes, la femme n’est pas une égale ; c’est une machine à fabriquer l’homme[1]. La fécondité lui est imposée ; l’idée qu’elle peut y consentir ou s’y refuser ne vient même pas à la plupart des hommes.

Avant d’être un problème social, le néomalthusianisme est un problème féminin. À la fécondité la femme est la principale intéressée, puisqu’elle est seule à l’assurer, le rôle de l’homme étant fugitif. Quoi de plus inique que de voir les hommes déclancher leur machine judiciaire contre une pauvre fille coupable de s’être faite avorter. Eux seuls ont fait les lois ; de ce qu’ils appellent la faute, ils ont été les complices, même les instigateurs et ils frappent leur victime après l’avoir dupée.

Le sentiment de la justice est d’origine humaine ; on ne saurait le rencontrer dans la nature, pas plus que dans un hypothétique au delà. Les choses sont ce qu’elles sont et il est puéril de déclamer contre elles ; il n’y a qu’à les aménager pour en moins souffrir.

  1. Dans son roman « Fécondité », Zola compare la femme à la terre.