Page:Pelletier - Oeuvres diverses.pdf/17

Cette page n’a pas encore été corrigée


III


Les partisans de la fécondité font valoir en premier lieu l’argument patriotique. La France, disaient-ils avant la guerre est la seule à diminuer sa natalité ; la population, alors qu’elle reste stationnaire chez nous croît très vite en Allemagne. Dans l’hypothèse d’une guerre, les Français seraient écrasés sous le nombre de leurs ennemis. Les événements ont montré que c’était là un point de vue simpliste ; le jeu des alliances suffit à contre balancer l’insuffisance de la population.

Prenant le contrepied du point de vue nationaliste, on pourrait supposer une France surpeuplée ; à l’étroit dans son territoire, elle rechercherait des conquêtes guerrières pour caser son excédent de population. Les conservateurs ne manqueraient pas de répondre que ce serait très bien ainsi ; niais un esprit dénué de préjugés ne saurait les ap¬ prouver. D’où qu’elle vienne, la guerre est mauvaise ; en supprimant les adultes elle pratique la forme la plus sauvage du malthusianisme. Tout accroissement exagéré de population est donc mauvais puisqu’il prépare la guerre.

Un homme éclairé et indépendant ne peut faire siennes les inepties qui ont couvert le monde pendant la guerre sur l’infériorité, l’immoralité, la criminalité des Allemands, C’était là, une véritable gniole morale. Pour donner aux soldats le courage de supporter une vie affreuse, on leur distribuait un alcool frelaté ; de même pour inciter les civils à la haine, on leur dispensait les plus grossiers mensonges.

Ce que les patriotes appellent le génie français n’est pas quelque chose de si indubitablement supérieur qu’il le faille imposer dans le sang au reste du monde. Nous avons