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Malthus avec juste raison croyait que la terre n’était pas capable de nourrir un nombre infini d’êtres humains. Forcément un temps viendrait où les hommes seraient trop nombreux, alors des catastrophes ne devaient pas manquer de se produire.

La population, dit Malthus, croit en progression géométrique et les subsistances seulement en progression arithmétique ; donc un jour les subsistances manqueront aux populations.

Envisagé à la lettre cet argument est faible ; comme toutes les menaces à échéance trop éloignée ; l’épuisement des forêts, le manque de houille etc., il ne réussit pas à impressionner. Il faut donner à la loi un sens plus restreint ; celui de la gêne apportée dans une nation par la surpopulation.

Pour éviter la fécondité Malthus ne trouve d’autre moyen que de proscrire le mariage.

Imprégné de christianisme, il n’ose porter le grand jour de l’analyse dans les choses de la sexualité. L’Angleterre est le pays de la pudeur ; il y est inconvenant de parler de pantalon et de chemise. La prophylaxie anti-conceptionelle était connue ; Condorcet la préconisait, mais Malthus la déclarait immorale.

Il faut se reporter à l’époque ; les mœurs étaient dissolues, mais on accouchait sous les couvertures. La chirurgie du ventre n’existait pas ; pour rien au monde une femme n’aurait montré au médecin son sexe malade, elle préférait souffrir et mourir. C’est tout juste si elle osait se laver après la menstruation ; enveloppé de jupons multiples le sexe devait être en quelque sorte ignoré, comme une chose nécessaire mais honteuse.

Il fallut l’émancipation religieuse et aussi le progrès de la chirurgie pour qu’on en arrive à envisager la génération comme une fonction aussi honnête que la respiration ou