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en russie communiste

Même l’italien au caractère insouciant qui chantait toute la journée à la mission se tait maintenant. Il n’y a, pour se réjouir, que la jeune Australienne.

Je m’étais demandée comment l’idée d’aller servir la Russie avait pu germer dans une telle personne. Elle ne sait rien du communisme et ne sort, lorsqu’elle en parle, que des puérilités ; elle passe tout son temps à manger, car elle a une malle pleine de provisions, et, quand elle ne mange pas, elle flirte avec trois hommes, mes deux « fils », et son compagnon de voyage. À l’annonce qu’enfin on est en Russie, elle ouvre la lourde porte ; c’est la nuit, mais cela ne fait rien, elle veut voir quelque chose du pays tant désiré. Jolie fleur d’idéal, poussée toute seule au milieu des chardons vulgaires.

Encore un arrêt, et on détache notre wagon qui reste seul ; pourquoi ? Mystère. On nous dit que nous ne partirons qu’après-demain. Sur les voies il y a des trains qui stationnent, sans doute pour longtemps, car aux portes des wagons, des wagons à bestiaux peints en rouge, sont apposées de petites échelles qui facilitent la montée et la descente. L’un des trains est rempli de soldats qui ont l’air de camper là. Des wagons sont organisés en salles à manger, d’autres en bureaux. Au panneaux, les portraits de Lénine et de Trostky. Je vois une femme soldat, la première ; elle est vêtue