Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
71
en russie communiste

pas faire quand on n’est pas certain de les pouvoir tenir.

On a alloué à la famille Capoutchévitch, huit cents marks pour se nourrir pendant le voyage, et on nous les fait dépenser en provisions fantastiques : quarante livres de pain, dix kilogs de sel, etc… Il n’y a rien à Moscou, nous dit-on ; préparez-vous comme pour un voyage au Pôle Nord. À Moscou, il y a, en réalité, de tout ; c’est l’argent qui me manquera, alors que je ne saurai que faire de ce sel et de ce pain devenu dur comme de la pierre.

Enfin nous sommes partis ; nous voilà dans un affreux wagon à bestiaux peint en rouge, une trentaine de personnes. Le coin de droite est occupé par des familles d’émigrants ; ils emportent des sacs de linge qui répandent une odeur écœurante ; il y a des enfants tout petits.

Dans le coin de gauche, le, coin aristocratique, des camarades de la mission et moi ; au centre, des soldats rouges qui reviennent d’Allemagne.

Un Polonais s’est caché derrière un tas de malles ; il est recherché paraît-il. Il raconte qu’on l’a poursuivi à coups de revolver dans les rues de la ville ; il s’était réfugié à la mission.

Le jour, la porte grande ouverte, je n’ai pas trop à souffrir, si ce n’est de l’inconfort. Assise sur ma valise je regarde le paysage que je vois pour la première fois : immenses forêts de pins, villages