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en russie communiste

fois nécessaires, mais en attendant, pourquoi ne pas sourire aux fleurs, aux bêtes, aux enfants, à tout ce qui est aimable. Le bourreau lui-même, entre deux exécutions, à un temps de répit. Et maintenant, Mme Defarge prend goût à nettoyer sa maison et elle a adopté un petit chat abandonné auquel elle donne du lait. La fillette me raconte tout cela ; elle n’en revient pas ; c’est vous la cause, fait-elle.

Il a été question de me mêler à un convoi d’émigrants qui viennent d’Allemagne et vont en Russie ; ils sont dispensés du passeport. Mais on a trouvé ce moyen dangereux ; ces gens verraient tout de suite que je ne suis pas Russe et comme ils ne sont pas communistes, ils s’empresseraient de me dénoncer aux policiers du train.

Vais-je donc rester éternellement ici ?

J’ai proposé plusieurs moyens d’évasion, pensant que, puisque les camarades me paraissaient assez pauvres d’imagination, il me fallait en avoir pour eux.

Ne pourrait-on pas avais-je dit, me mettre dans une voiture de paysan, sous de la paille ? Non, ce serait suspect, on regarderait dans la paille.

Mais la nuit ?

Les voitures n’ont pas le droit de circuler la nuit.

Une après-midi, enfin, un camarade que j’ai déjà vu m’annonce que je prendrai le train le lendemain matin.