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mon voyage aventureux

aura faites empêcheront qu’on me traite sans ménagement, quitte à faire ensuite des excuses pour la méprise.

Évidemment tant que je ne suis pas arrêtée, je ne risque rien, mais qui sait si une fois en prison on me permettra d’écrire ? Le pays où on fusille un homme pour un journal, ne me paraît par très civilisé.

J’essaie de confier mes lettres à mon hôte il me dit qu’il n’a pas le temps de les porter.

Il me cache cependant, cet homme. Peut-être le paie-t-on pour cela ? mais enfin, payé ou non, il risque. C’est la race, je le vois, qu’il faut accuser. Partout les mêmes visages blancs, les mêmes cheveux blond clair et les mêmes yeux gris, effroyablement durs et je comprends qu’ici la vie humaine n’a aucune importance.

Tout de même Mme Defarge pense à moi : elle m’envoie l’ainée de ses enfants, une fillette de quatorze ans aux magnifiques cheveux dorés. C’est elle qui portera les lettres et pour plus de sûreté, elle ira les mettre en Allemagne. Elle a un passeport qui lui donne le libre accès de la frontière. Elle cache les lettres dans sa poitrine, la petite conspiratrice, pour que personne ne se doute de rien.

J’ai cessé de faire la difficile ; j’accepte de coucher sans draps sur des coussins infects. Heureusement mon lit est près de la fenêtre, la nuit je me