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mon voyage aventureux

pour recevoir un étranger ; il n’y a aucune commodité. Le jour, les enfants envahissent ma chambre, l’emplissant de leurs cris. Je me sens doublement en exil, loin de mon pays et loin de mon milieu. Si encore je pouvais lire ; mais pas un livre, pas même un journal.

À la fin je n’y tiens plus et je sors ; tant pis si on m’arrête.

Je suis affligée d’une robe grenat qui fait retourner les passants. C’est une faute ; il faut absolument qu’on ne me remarque pas. J’entre donc dans un magasin à l’effet d’acheter un manteau de caoutchouc de couleur foncée et un chapeau à la façon du pays. Cela ne va pas tout seul ; j’ai de la peine à me faire comprendre et on me fait, là encore, toutes sortes de questions qui me mettent au supplice. Enfin je sors sans encombre et j’ai la joie de constater que, revêtue de mon imperméable brun, coiffée de mon « reisehut » je passe inaperçue.

Le chef du parti communiste de la ville m’emmène promener une après-midi. C’est un homme d’une trentaine d’années, ancien ouvrier qui s’est instruit lui-même. Il n’ose se montrer avec moi dans les lieux fréquentés, nous prenons donc un tramway qui nous emmène dans la banlieue. Nous entrons dans un café décoré de peintures modernes. Il y a une terrasse au bord d’un étang. J’ai déjà pu remarquer combien les gens d’ici savent tirer