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mon voyage aventureux

Nous pénétrons dans une petite gare et nous nous installons au buffet. Défense de dire un mot et je me rends compte que notre silence lui aussi est suspect. Car nous attendons là pendant plus de deux heures, et ces quatre personnes qui gardent un silence absolu pendant si longtemps, doivent paraître au moins bizarres. Mais parler serait montrer que nous sommes étrangers ; on pourrait se demander d’où nous venons et pourquoi nous n’avons pas pris le train express qui vient de partir.

J’astique avec persévérance mon canif, pour me donner une contenance. Je trouve que le guide aurait dû commander un dîner complet pour bien disposer à notre égard le patron du buffet. Nous n’avons pris qu’un café. N’y tenant plus je me lève et vais acheter une revue illustrée ; à la regarder, je tire à peine un quart d’heure ; je recommence. Les Italiens font une tête de condamnés à mort attendant l’exécution. Enfin le guide va prendre nos billets, nous montons dans le train quel soulagement ! Mais il ne faut pas songer à parler, il y a du monde dans le compartiment voisin.

Nous arriverons à une grande ville, par une pluie battante.

Deux inconnus s’emparent de mes bagages et me disent de les suivre ; je le fais avec peine, car ils marchent très vite et les rues sont mal éclairées