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en russie communiste

en a beaucoup en Allemagne. Que de saucisses ! Si l’Allemagne a jeuné pendant la guerre, elle se rattrape à présent. Je sors mon mauvais allemand pour demander à manger, on me sert sans réflexions.

Je hèle un fiacre pour me faire conduire à une adresse. C’est très loin, je traverse des quartiers ouvriers d’assez belle apparence, les rues sont larges et tous les balcons sont pleins de fleurs. J’arrive à destination, le cocher me réclame quatre vingts marks pour la course. Je sais que l’Allemagne paiera, mais en attendant !

Me voilà dans la boutique d’un libraire. Personne ne parle français et j’ai toutes les peines du monde à m’expliquer en allemand. C’est tout ce que vous savez d’allemand, me dit le camarade sur un ton de reproche. Je montre mes papiers, on les juge bons, mais je suis tombée chez les syndicalistes. Adressez-vous, me dit-on, au Parti. Un jeune homme m’y conduit et j’arrive au bureau de la secrétaire des femmes. Elle parle français et me reçoit bien, car elle connaît mon nom.

Ah ! Madeleine Pelletier ! vous faites bien d’aller en Russie, tous les propagandistes devraient faire ce voyage ; vous en reviendrez transformée. Je lui raconte mes petites misères ; le guide malhonnête, la montre extorquée, etc.

— Bah, fait-elle, une montre, qu’est-ce que cela ;