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en russie communiste

nent vers vous ; vite je règle l’addition et quitte l’hôtel.

Nouvelle discussion dans la rue où le personnage m’a suivie ; on lui a dit paraît-il que je suis couverte d’or ; quand on va en Russie faire de la politique, affirme-t-il, c’est qu’on a de l’argent. Je n’ai pas trop peur de ses menaces ; n’est-il pas mon complice ; en me dénonçant, il se dénonce lui-même. Ce que je crains, c’est que cette dispute n’attire les passants, un policier viendra on me demandera mon passeport et comme je n’en ai pas je serai arrêtée et conduite à la frontière française. À la fin, le sympathique jeune homme me dit qu’en lui donnant cinq cent francs et ma montre en or, je serai délivrée de sa présence. Je cède, que faire d’autre dans les conditions où je me trouve.

Me voilà libre enfin ; mais le train de Berlin ne part qu’à neuf heures du soir et il est midi. Je n’ose me promener en ville, Francfort, qui a subi l’occupation, est très montée contre les Français. J’ai déjà eu à subir les injures des passants ; je me tiens donc au buffet de la gare, il y a des étrangers, je ne suis pas remarquée.

Mon billet est pris, mais je ne sais pas à quel perron viendra le train, grave contretemps ; l’année dernière je me suis trompée de train en Allemagne et j’ai dû faire inutilement un long voyage. Il y a dans le hall un tableau très bien fait donnant les heures des trains et les perrons, mais il est en