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mon voyage aventureux

il trouve compromettante une magnifique carte du pays que j’ai achetée à Bâle et il la jette dans le ruisseau.

Il fait, je le répète, une chaleur torride et nous devons faire des kilomètres sous le soleil brûlant mes vêtements sont entièrement mouillés de sueur ; enfin, on arrive à Lorrach. Au premier mercier, mon compagnon achète des bas, il tient absolument à entrer seul dans la boutique, mon accent français, dit-il, me trahirait. Je comprend qu’il a pour exagérer le danger des raisons qui ne sont pas toutes honnêtes, mais j’ai besoin de lui, tant pis si je suis volée, il faut passer, tout est là.

Impossible de prendre le train à Lorrach ; il fait un détour ; il nous ramènerait à Bâle et on aurait passé la frontière inutilement. Il faut faire huit kilomètres en montagne pour gagner une petite gare dont j’ai oublié le nom. Je me sens incapable de les faire à pied, heureusement on peut prendre une voiture.

Nous allons au restaurant et, à la cabine de toilette, je change de bas ; me voilà redevenue une personne normale.

Mon compagnon cependant tient absolument à ce que nous nous dissimulions dans un coin obscur. J’ai dans un papier quelques mouchoirs neufs portant l’étiquette de « La Samaritaine » de Paris, il trouve cela très compromettant ; il arrache les