Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
mon voyage aventureux

le niveau intellectuel du peuple seraient abandonnés de suite.

La bourgeoisie redeviendrait classe dominante et elle serait bien autrement dangereuse que la bureaucratie d’aujourd’hui. L’effort pour la république égalitaire serait perdu ; qui sait pour combien de temps ?

Un autre gros grief de la droite est le terrorisme. Kautsky est opposé à la terreur comme moyen de gouvernement. Il dit que la terreur dessert la révolution au lieu de la servir en suscitant l’indignation des masses contre les gouvernants qui ordonnent la mort de leurs adversaires.

Trotsky répond que la terreur est inévitable. Dans le style ironique des bolchevistes, et des marxistes en général, il demande à Kautsky s’il croit que l’impératif catégorique de Kant puisse suffire à réduire les contre-révolutionnaires. La révolution est une guerre comme les guerres entre nations ; elle tue comme la guerre. Il faut briser la volonté de l’ennemi et on ne la brise que par la mort car la prison et la déportation ne font pas assez peur. Ce n’est pas en effet celui que l’on frappe qu’il s’agit de terroriser mais les autres ; en tuant quelques hommes, dit Trotsky, on en effraie des milliers et la crainte qu’ils éprouvent les empêche de nuire.

Un argument très en faveur contre le terrorisme est qu’il faut être convaincu d’avoir raison pour