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mon voyage aventureux

des idées vraiment sociales : instruction égale pour tous, suppression de l’héritage, etc.

La bourgeoisie déjà nantie comprit le danger ; on abusa le peuple, on lui fit voir en Robespierre un tyran ; comme on le fait aujourd’hui pour Lénine. Le peuple ignorant et veule laissa tuer celui qui voulait son bonheur et les idées de Robespierre se trouvent être encore, cent vingt-huit ans après sa mort, trop avancées pour notre époque.

Les bolchevistes savaient ce qu’ils voulaient, leurs chefs avaient passé toute leur jeunesse dans l’opposition révolutionnaire, dans les conspirations ; ils avaient fait une étude approfondie de l’œuvre de Karl Marx, qu’ils connaissent, pour ainsi dire, par cœur. Une fois au pouvoir, ils résolurent d’appliquer le communisme dont ils étaient pénétrés.

Ces chefs n’avaient autour d’eux que quelques milliers de personnes, plus ou moins instruites dans leur doctrine. Derrière était la grande masse qui ne sait rien et avait fait la révolution, comme la masse les fait toutes, poussée par la misère.

Les scandales de Raspoutine avaient discrédité le tsarisme ; la guerre était venue et s’était prolongée dans des conditions affreuses. Les soldats, las de se battre, abandonnèrent le front ; la Révolution éclata et les événements se succédèrent comme on sait.

Les paysans, certains paysans plutôt, en profi-