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mon voyage aventureux

qui est au travail : ce n’est pas toujours drôle un voyage illégal. Enfin l’homme arrive.

Il me passera, mais c’est trois cents francs. Il sait qu’on m’a donné de l’argent à Moscou, il veut sa part.

Je trouve d’abord la somme trop élevée ; alors il m’explique que si je veux passer à pied par un chemin qu’il m’indiquera ce sera moins cher, mais je risque d’être arrêtée.

Je suis dans la situation du patient auquel le dentiste demande s’il veut être opéré sans douleur ou avec douleur.

Je préfère l’opération sans douleur et je donne les trois cents francs. Après bien des lenteurs, l’auto annoncée arrive, il est onze heures du soir.

Nous filons à toute allure le long du Rhin : je devine le paysage très beau. On traverse une forêt, les phares puissants de la voiture éclairent au loin les arbres d’une lumière mystérieuse ; je crois voyager dans un monde fantastique.

Nous arrêtons à la cabane d’un douanier. Le chauffeur me fait passer pour une mère dans l’angoisse qui va à X…, en France, chercher son fils tombé subitement malade.

La frontière est passée, mais il est trois heures du matin lorsque nous arrivons à la gare. Elle est fermée et les hôtels refusent de me recevoir pour comble de malheur, il pleut.