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en russie communiste

deur ; le plus grand est en bas et le plus petit en haut. Ils sont en papier huilé et ressemblent à d’énormes pièges à mouches. Je me creuse la cervelle à chercher le sujet de cette construction bizarre ; ne trouvant pas, j’avise un voisin.

— Que diable est-ce que cela ?

— Cela, me dit-il d’un ton plein de respect mon interlocuteur, c’est la Troisième Internationale !

— Vraiment !

— Oui ; et le petit cube du haut c’est le Comité Exécutif !

Je me retiens pour ne pas pouffer ; c’est de la folie toute pure ; et il paraît que le générateur de cette merveille la voulait édifier sur une place de Moscou, elle aurait atteint une hauteur de trois cents mètres.

Le bolchevisme, tel la cornue de Nicolas Flamel, recèle les substances les plus hétéroclites ; le bien avec le mal, le progrès avec la démence.

Je suis peu allée au théâtre. La première période de mon séjour coïncidait avec les vacances, les théâtres étaient fermés. J’étais encore à Moscou quand ils se sont ouverts ; mais je n’avais plus d’argent et personne ne s’intéressait assez à moi pour me donner des billets.

J’ai assisté cependant à un concert et à un ballet russe. Le concert n’avait rien de remarquable, sauf que j’y pus voir dans le public la bureaucratie qui s’essayait dans son rôle nouveau